Mont-Blanc (massif du)

domaine de hautes terres en terrains cristallins, faisant partie des massifs centraux des Alpes; il est le plus haut du territoire français, mais s’étend aussi largement en Italie. Sa partie la plus septentrionale, à l’est du hameau du Tour, est marquée par le glacier du Tour, au bord duquel a été construit le grand refuge Albert 1er (2 702 m, 150 places); le glacier est dominé par l’Aiguille du Tour (3 544 m), la Grande Fourche (3 619 m) et l’Aiguille du Chardonnet (3 824); un altisurface est sur le côté sud du glacier.

Un deuxième sous-ensemble est celui de la vallée de l’Argentière; elle est occupée par le long glacier de l’Argentière (9 km), dominé par l’Aiguille du Chardonnet, l’Aiguille d’Argentière (3 900 m), le Tour Noir (3 837 m), le mont Dolent (3 823 m), qui est le point oriental le plus extrême du département et se trouve à l’intersection des frontières de la France, de la Suisse et de l’Italie; puis l’Aiguille de Triolet (3 870 m) à la frontière italienne, et la célèbre Verte, ou Aiguille Verte (4 122 m) entre le bassin de l’Argentière et celui de la mer de Glace. La crête entre Argentière et mer de Glace s’achève par l’Aiguille des Grands Montets (3 296 m), accessible par téléphérique; station de ski des Grands Montets à l’ubac, avec refuge de Lognan (2 032 m, 30 places); altisurface et refuge de l’Argentière au bord nord du glacier (2 771 m, 130 places).

Le grand ensemble de la mer de Glace est alimenté par quatre cirques. Le cirque de Talèfre est le plus septentrional; il est dominé au nord par la Verte et sa voisine l’Aiguille du Dru (3 754 m), hauts lieux de l’escalade, à l’est par les aiguilles de Triolet et de Talèfre (3 730 m); refuges de la Charpoua sous le Dru et la Verte (2 841 m, 12 places), du Couvercle à l’entrée du cirque (2 687 m, 150 places). Au sud, le cirque de Leschaux est occupé par le glacier de même nom, partie amont de la mer de Glace, dominé à l’est par l’Aiguille de Leschaux (3 759 m) et les Petites Jorasses (3 650 m), au sud par la paroi des Grandes Jorasses (4 208 m à la Pointe Walker), à l’ouest par l’Aiguille du Tacul (3 444 m); refuge de Leschaux (2 431 m, 13 places). Au sud-ouest, le cirque du Géant a aussi son glacier, dominé à l’est par l’Aiguille du Géant (4 013 m), à l’ouest par le Mont Blanc du Tacul (4 248 m). Ce cirque domine celui qu’occupe, environ 500 m plus bas, le glacier du Tacul, entre l’Aiguille du Tacul à l’est et l’Aiguille du Plan (3 673 m) à l’ouest; refuges du Requin (2 516 m, 70 places) et d’Envers des Aiguilles (2 523 m, 60 places). Ces quatre cirques alimentent la mer de Glace, dont la langue proprement dite court sur 6 km, l’ensemble glaciaire mesurant 11 km de long. Le petit train à voie étroite qui vient de Chamonix permet de la contempler de son terminus au Montenvers (1 913 m), qui domine le glacier sur sa paroi gauche; une télécabine permet de descendre jusqu’à la grotte artificielle remodelée chaque année dans le glacier, et qui est très visitée.

Au sud-ouest de la mer de Glace, le massif de l’Aiguille du Midi est le plus impressionnant vu de Chamonix. L’Aiguille du Midi monte à 3 842 m et cache un peu les pics plus élevés de la crête frontière. Elle est accessible depuis la ville par un téléphérique qui aboutit à 3 790 m et qui est complété par un ascenseur menant à une terrasse aménagée au sommet; on y a installé un laboratoire de recherche (abri Simond) et, juste au sud, le refuge des Cosmiques (3 615 m, 150 places), le plus haut du massif, ainsi nommé en raison des recherches sur le rayonnement cosmique qui y furent jadis entreprises. Sur l’ubac au-dessus de Chamonix, replat et refuge du Plan de l’Aiguille (2 207 m, 40 places). De l’Aiguille part une télécabine de 5 km jusqu’à la pointe Helbronner, sur la crête frontière (3 462 m); le plus spectaculaire des Alpes, il passe au-dessus de la Vallée Blanche, englacée, qui descend du col du Midi (3 532 m) vers le glacier du Tacul, et survole tout le cirque du Géant. C’est à peu près le trajet du tunnel du Mont-Blanc, qui passe à l’aplomb de l’Aiguille du Midi, mais 2 300 m plus bas… L’ensemble du mont Blanc au sens étroit se tient dans une avancée de la frontière vers le sud. Il comporte au nord-est le mont Blanc du Tacul et le mont Maudit (4 465 m), à l’ouest le Dôme du Goûter (4 304 m), qui est au point triple des communes de Chamonix, Les Houches et Saint-Gervais. Au sud s’élève le mont Blanc soi-même (4 808 m), un dôme de glace, qui ne touche pas la frontière; il est à cheval sur la commune de Chamonix (en ubac) et une enclave de la commune de Saint-Gervais-les-Bains (en adret), à 250 m à vol d’oiseau de la frontière d’Italie. Du mont Blanc dévalent en ubac, vers le nord, des masses glaciaires dont descendent finalement le glacier des Bossons, le plus proche de Chamonix, et celui de Traconnaz, séparés par le mont Corbeau (2 334 m). Au milieu se trouve le refuge des Grands Mulets (3 057 m, 70 places). Au nord-ouest du sommet du mont Blanc, observatoire et refuge Vallot (4 362 m).

Au total, le massif ne compte pas moins de 12 500 ha de glaciers, dont les plus étendus et les plus hauts avaient augmenté leur volume entre 1960 et 1985 alors qu’ils avaient décru dans les années 1950 et 1960; mais ils sont affectés par les manifestations du réchauffement climatique depuis 1985. Aussi l’altitude du mont Blanc est-elle soumise à réévaluations périodiques, à la fois en raison du progrès des moyens de mesures et de la variation d’épaisseur de la couche de glace qui le recouvre; mais elle oscille autour de 4 808 m. Les médias s’étaient empressés de le rehausser de 4 807 m, altitude «classique» jusque dans les années 1980, à 4 808 m, et même 4 810 au tournant du siècle, mais en trois ans il est revenu à 4 808… C’est le plus haut sommet des Alpes, et donc d’Europe occidentale, ou même de l’Union européenne; mais si l’Europe va jusqu’au Caucase, alors le mont Elbrouz (5 642 m) est le plus haut sommet européen, et de nombreux autres sommets dépassent le mont Blanc, dont le célèbre Kazbek (5 033 m)…

L’ascension du mont Blanc, qui ne demande pas d’escalade mais de l’endurance, attire des foules et appelle des réglementations. La voie d’accès la plus fréquentée passe par le tramway du Mont-Blanc jusqu’au Nid d’Aigle, puis par les refuges de Tête Rousse, du Goûter et Vallot. La première ascension répertoriée du mont Blanc a été accomplie par Paccard et Balmat le 8 août 1786, les mêmes y conduisant le naturaliste Saussure l’année suivante. Le naturaliste Janssen s’entêta à faire installer en 1893, au sommet même, un refuge métallique qui, en 1909, s’enfonça dans la glace et dut être abandonné. L’aviateur Henri Giraud s’est posé au sommet du mont Blanc en Piper Cub le 23 juin 1960.